Contre la hernie des crucifères, le choix variétal d’abord
Sous l’effet du changement climatique, la hernie des crucifères, maladie racinaire qui touche notamment le colza, s’accentue sur les sols acides et hydromorphes.
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Présente sur de nombreuses cultures (colza, chou, navet, moutarde, etc.) mais aussi sur des adventices de la famille des crucifères (sanve, ravenelle, capselle…), la hernie s’est étendue un peu partout sur le territoire français ces dernières années. En cause : des températures automnales « plus douces » et des conditions plus humides. Des dates de semis plus précoces, un retour plus fréquent de crucifères dans les parcelles, une gestion difficile des adventices, ou encore un mauvais drainage du sol pourraient constituer des facteurs de risques supplémentaires.
Jusqu’à 100 % de pertes de rendements
Causée par Plasmodiophora brassicae, la maladie racinaire provoque une hypertrophie (formation de galle) du système racinaire du colza, perturbant l’alimentation hydrique et minérale de la plante et entraînant des pertes de rendement (de quelques quintaux à 100 % de la parcelle). Une fois installée, la maladie peut persister plus de dix ans. Le relèvement du pH au-dessus de 7,2 crée des conditions moins favorables à l’infection, sans permettre de l’éradiquer toutefois.
La lutte contre la maladie s’organise d’abord autour du choix variétal avec des variétés résistantes (voir sur Myvar.fr, l’outil de choix variétal de Terres Inovia), et des bonnes pratiques agronomiques :
- Allongement des rotations,
- Implantation d’intercultures sans crucifères,
- Destruction des repousses de colza et des mauvaises herbes,
- Drainage.
« Diviser par deux la fréquence des crucifères dans la rotation a le même effet vis-à-vis de l’intensité des attaques de hernie, qu’une augmentation rapide du pH de + 0,5 point », indique Christophe Jestin, chargé d’études en génétique et protection des cultures à Terres Inovia.
Six pathotypes différents
Compte tenu du nombre de pathotypes (groupe d’individus présentant une virulence différente) de hernie identifiés à ce jour — six — et de leur variabilité intra- et interparcellaire, le choix variétal est à raisonner à la parcelle. « Si la variété choisie n’est pas adaptée aux pathotypes en présence, le levier génétique sera inefficace », avertit-il. Or, plusieurs de ces pathotypes (P1 et P2) sont en capacité de contourner la résistance des variétés actuelles. Mais de nouvelles solutions sont annoncées pour la prochaine campagne avec la commercialisation pour la première fois de variétés de colza résistantes à P1.
Un obstacle reste à surmonter : l’absence d’outil adapté et peu coûteux, capable d’identifier en conditions terrains et en routine, le ou les pathotypes présents dans la parcelle. Une méthode moléculaire (test PCR) est en cours de développement (projet Pangenoclub 2025-2026).
Pour l’instant, il n’existe aucune référence scientifique concernant l’impact des mélanges variétaux (résistant + sensible) sur l’évolution des pathotypes contournants.
Une réévaluation des pathotypes présents sur le territoire français est souhaitée par l’ensemble des acteurs dont le Geves (1), Terres Inovia, et les semenciers. Celle-ci permettrait de faire évoluer le protocole d’évaluation de la résistance des variétés inscrites au CTPS. La dernière étude date de dix ans.
(1) Groupe d’étude et de contrôle des variétés et des semences.
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